• 079/11 - Règlement de compte (2)

    Règlement de compte  (2)
    Dim-20.mars.11 - (079/11)

    Pascal a essayé de lui faire comprendre que j’avais fait tous ces kilomètres pour lui parler, il pouvait au moins m’accorder un peu de temps, qu’il reviendrait plus tard, ou l’appellerait. Il lui a promis qu’il n’y avait rien d’autre, qu’il ne se passerait rien, qu’elle n’avait pas à s’inquiéter.

    Mais Nina refusait de le laisser partir, refusait qu’on passe la nuit à, soit-disant, discuter. Elle lui a dit, en me jetant un regard équivoque, qu’elle trouvait bizarre que je sois venue si loin, alors que c’était soit-disant fini entre nous depuis longtemps, et sans Thomas, uniquement pour lui parler! Et de quoi donc?

    Elle ne croyait pas que je sois venue pour ça, elle ne me faisait pas confiance. Elle voulait qu’il soit plus tranchant avec moi, qu’il me fasse comprendre clairement, une fois pour toute, que je devais arrêter mon cirque, que je ne pouvais pas continuer à lui courir après comme ça, à passer mon temps à lui tomber dessus pour un oui ou un non.

    Pascal comprenait, mais il préférait tout de même qu’on aille discuter chez lui. Alors Nina, lui a donné un ultimatum, c’était elle ou moi. S’il passait la porte, c’était fini. Elle n’accepterait aucune excuse, elle trouvait que ça avait assez duré, cette fois, j’avais exagéré et il ne pouvait pas laisser ça passer.

    Pascal avait posé sa main chaude et ferme sur la mienne. Pendant une seconde, j’ai cru qu’il allait me faire lâcher prise, mais non. Comme obsédée, je ne pensais plus qu’à ça; d’1mn à l’autre, il allait arracher ma main, alors je m’accrochais encore plus. En même temps, je savais que ce serait ridicule, mais je ne savais pas quoi faire d’autre. La tête en pleine effervescence, je cherchais une parade avant que l’irréparable ne se produise.

    Lui restait calme, peut-être trop calme. Il semblait perdu dans ses réflexions, puis il m’a scruté du regard un temps qui m’a semblé interminable, alors j’ai essayé de faire passer mon sentiment de désespoir dans mon regard.

    Je priais aussi pour qu’il ne me demande pas de partir. Je pense qu’il devait mesurer les dégâts. Nina lui a dit qu’elle ne plaisantait pas, cette fois, il n’allait pas s’en tirer avec des excuses et croire qu’elle passerait dessus, qu’elle était sérieuse.

    • Sorry Nina...

    Pascal a pris sa veste, m’a attrapé par le bras pour me pousser vers la porte, mais Nina l’a attrapé par la chemise à son tour pour lui demander de rester, de ne pas lui faire ça. Puis, elle a dû se rappeler ma présence, de mes yeux qui la dévisageaient. Elle m’a lancé encore un de ses regards méprisant avant de demander à Pascal ce qu’il voulait dire par sorry?

    Gentiment, il lui a dit qu’il n’y avait pas grand chose à rajouter. Elle a encore tenté de le retenir, mais il a détaché sa main pour enfiler son pull et mettre sa veste.

    Nina s’était recroquevillée sur elle-même, elle avait perdu de sa superbe. Elle lui a dit qu’elle pouvait comprendre qu’il ne veuille pas être méchant avec moi, qu’il veuille prendre le temps de me parler, qu’elle attendrait son retour. Mais Pascal lui a dit qu’il ne reviendrait pas. Nina a accepté et a sans doute pensé qu’il voulait simplement dire, qu’il ne reviendrait pas ce soir, mais Pascal a précisé qu’il ne reviendrait pas, point. Que s’il partait avec moi, ce n’était pas parce qu’il voulait être gentil, c’est parce qu’il le voulait. Il lui a dit qu’il ne lui pardonnait pas d’avoir osé me parler comme elle l’avait fait, de quel droit, elle ne savait rien de nos relations ou de ce qu’il pensait.

    Discrètement, j’avais détourné la tête pour fixer mes pieds. J’avais les joues en feu. Je n’avais toujours pas desserré les dents depuis que je m’étais pointée à la porte.

    Nina s’est excusée en s’accrochant encore à lui. Elle ne voulait pas qu’ils se quittent sur un malentendu, elle avait juste cru comprendre qu’on était plus ensemble, que je sortais avec Thomas. Elle lui a dit qu'effectivement, elle ne savait rien de nos relations, elle comprenait qu’on soit toujours proche, et s’excusait encore d’avoir présumé qu’il en avait assez de mon harcèlement.

    Je flippais. Normalement, j’aurai été attendre au rez, ou dehors, mais je n’osais pas le laisser de peur qu’il finisse par rester avec elle et ne me plante tout bonnement. C’était stupide. C’était humiliant pour elle, et probablement aussi pour Pascal, pour moi aussi d’ailleurs. Je me sentais déplacée, mais je n’arrivais pas à faire les quelques pas qui me conduirait derrière cette fichue porte. J’essayais de ne pas entendre leur conversation, j’essayais aussi de calmer les battements de mon cœur, de décrypter les paroles de Pascal, de me persuader qu’il y avait un sens caché derrière ses mots.

    En même temps, il lui avait rappelé qu’il n’y avait
    rien de sérieux avec entre eux ou qui que ce soit, qu’il ne voulait pas s’engager, mais qu’il ne pouvait pas accepter qu’elle dénigre quelqu’un qui comptait à ses yeux, même pas Caroline.

    D’entendre le nom de Caro, ça m’a rappelé qu’elle était sans doute encore dehors à m’attendre? Je me demande ce que je devais faire, ou ce qu’elle va penser en me voyant partir avec Pascal? Est-ce qu’elle nous suivra? Elle va peut-être penser qu’on va à son appart, sachant que Jess était là, elle allait se poser des questions? Complications, complications, bah, je ne voulais pas penser...

    Discrètement, je me suis rapprochée de la porte, je n’osais pas l’ouvrir. Je continuais à fixer mes pieds, mais je les voyais du coin de l’oeil. Nina l’a entrainer à l’écart. Tout contre lui, elle avait posé sa tête sur son torse. Intérieurement, j’ai viré au rouge, mais je ne pouvais rien y faire. Je ne pouvais pas risquer de gâcher le petit avantage que j’avais.

    Nina le suppliait de ne pas être aussi dur, aussi froid et tranchant, qu’elle ne méritait pas ça. Le peu que je voyais, Pascal essayait de la repousser et la faire lâcher prise, il voulait s’en aller. Elle pleurait doucement, les larmes coulaient sur son visage et Pascal a hésité, puis il l’a serrée contre lui tout en s’excusant. Les flammes de l’enfer me brûlait de le voir faire ce geste.

    Je ne suis pas sûre d’avoir bien entendu, parce qu’ils chuchotaient, mais je crois qu’il lui a dit qu’il avait fait un choix, puis que de toute façon, c’était mieux comme ça.

    Je crois que ça avait à voir avec le fait qu’il allait bientôt quitter l'Allemagne. J’ai entendu Nina parler des vacances et j’ai compris que c’était avec elle qu’il avait planifié des vacances après la fin de son contrat en Allemagne, pas avec Jess. Ça m’a un peu secouée, dire qu’il nous avait fallu 2 ans pour partir en vacances ensemble, et elle, juste quelques semaines???

    Quant on est parti, je me sentais comme une chiffe molle, mes jambes ne me portait plus, mais je n’osais pas m’appuyer contre lui, ni lui prendre la main, j’avais causé assez de dégâts comme ça. Je ne savais pas ce qu’il pensait, ni ce qu’il allait faire, ni s’il bouillonnait silencieusement de rage.

    Pascal était dangereusement silencieux, ça m'inquiétait.

    Dans l'ascenseur, il m’a prise la main. Piouhhh, je me suis sentie soulagée; il ne devait pas être si fâché après tout. Je devais avoir les mains moites, il a sûrement dû ressentir mes tremblements. Puis l’ascenseur s’est immobilisé et il a lâché ma main.

    Avant qu’on ne pose le pied dehors, Nina l’a rappelé sur son natel. Ils ont parlé tout le temps qu’on a attendu le taxi. Moi, je restais muette comme une carpe. Je n’osais pas vraiment le regarder, j’avais peur de son regard ou de lire sur son visage qu’il regrettait d’avoir dû la laisser. Je ne voulais pas y lire non plus, que je ne lui causais que des emmerdes. A la fin, Pascal lui a dit que le taxi attendait, qu’il devait y aller. On s’y est engouffré et discrètement, j’ai cherché Caro des yeux, je n’ai rien vu, mais j’étais certaine qu’elle était là quelque part.

    On ne s’est pas adressé la parole pendant tout le trajet. Pascal était plongé dans ses pensées, il semblait tout à coup fatigué. Timidement, j’ai enfilé ma main dans la sienne et il a serré mes doigts. Chez lui, à l’autre appart, il n’était pas plus bavard. Je suis restée dans l’entrée attendant que ce soit lui qui prononce les premiers reproches. Rien. Il a calmement enlevé sa veste, jeté ses clés sur le meuble de l’entrée, m’a jeté un coup d’oeil, puis s’est dirigé vers la chambre pour se changer et enfiler un training. Glups, de le voir si calme me faisait plus peur que s’il m’avait engueulée.

    • Tu ne va pas resté dans l’entrée, non? Tu veux boire quelque chose?

    Re-glups, comme s’il ne s’était rien passé!!! Alors, je me suis excusée et il m’a demandé pourquoi.

    • Pour tout ce qui est arrivé. Pour tous les ennuis que je te cause, pour avoir gâché ta soirée...
    • Vraiment?

    Non, il avait raison, je ne le regrettais pas vraiment! Il aurait fallu m’attacher à un arbre au fin fond de la Polynésie pour m’empêcher de l’empêcher de passer la soirée avec Nina, mais j’ai prétendu regretter, que je savais que je n’aurai jamais dû faire ce que j’avais fait, que ça, je regrettais.

    • Mouais, ça c’était pas top! Je ne comprends pas très bien Jane... Tu agis plus comme une copine, que comme une maîtresse, je ne pense pas que ça va marcher! Puis, il y a Thomas... Qu’est-ce que tu veux Jane, hein? A quoi on joue?
    • J’suis désolée... Je regrette.

    D’après sa tête, je ne pense pas qu’il me croyait. Il n’a rien dit et m’a juste tendu un verre de lait tiède.

    • Je ne supportais pas de te savoir avec elle. Tu as dit que tu aurai voulu que je reste, mais tu m’as demandé de partir, c’était pour aller la retrouver, hein? Ça m’a brisé le cœur. Je ne comprends pas ce que tu me dis ou essaie de me faire comprendre? Reste, pars? C’est quoi à la fin?

    J’en ai profité pour l’entourer de mes bras, me serrer contre lui. Je n’ai même pas pu en profiter, la sonnette de la porte à hurler dans nos oreilles et Pascal m’a repoussé pour aller voir. Donc, je ne savais pas si c’était ce qu’il avait l’intention de faire, ou si c’était pour répondre à la porte!

    Bahhh, c’était Nina!?!

    Mince, encore elle! Elle avait pleuré, ça se voyait. J’avais un peu peur que Pascal soit attendri par ses larmes et la douloureuse tristesse qui se lisait sur son visage, mais voilà, je ne pouvais strictement rien faire. Ou peut-être me mettre à pleurer aussi s’il s’avisait de partir avec elle?

    Nina ne voulait pas le laisser seul avec moi. En voyant Pascal froncé des sourcils, elle lui a dit qu’elle pensait avoir le droit de nous interrompre à son tour, comme je les avais interrompu ce soir, ou comme je l’avais fait à Gstaad. Nina voulait savoir s’il pensait retourner chez elle ou chez lui après notre discussion? Comme il avait prévu de rentrer chez lui, Nina pensait qu’ils pouvaient encore retourner chez elle. Comme j’avais un endroit où dormir, il pouvait me laisser, qu’on aurait tout le temps de discuter demain.

    Mes tremblements ont recommencé. Glups! Nina n’avait pas tord, si ce n’était que pour discuter, Nina avait raison et j’avais peur que
    Pascal ne se rende à l’évidence et qu’il décide de partir avec elle. J’ai compris que si c’était le cas, je me jetterais sur lui s’il le fallait, le supplierais, pleurerais, mais je ne le laisserais pas partir.

    Ouf pour mon orgueil perso, Pascal lui a demandé de rentrer, qu’il voulait rester. Nina a continué à insister, justifiant ses dires, le poussant dans ses retranchements. Ça paraissait évident qu’il n’avait aucune raison de rester là avec moi, qu’on pouvait tout bonnement attendre la journée pour discuter, rien ne pressait!!

    Mon cœur a chaviré de bonheur et d’amour quant Pascal, buté, a dit qu’il restait là.

    Alors Nina a décidé qu’elle resterait aussi. Elle lui proposait de l’attendre dans la chambre, de mettre la télé assez fort pour ne pas entendre notre conversation, qu’elle nous laisserait tout le temps nécessaire, mais qu’elle ne partirait pas de là sans lui, ou sans être sûr qu’il rentrait chez lui. Pascal était médusé, il ne savait plus quoi dire ou quoi faire, et moi, je le regardais les yeux remplis de suppliques.

    Mais, elle a dû réaliser qu’il pouvait redescendre après son départ, c’est alors qu’elle a commis une erreur fatale, une très grosse erreur; elle s’est faite menaçante... Elle voulait appeler sa femme le lendemain pour savoir s’il était bien rentré et irait jusqu’à la voir, face à face.

    C’est parti en vrille...

    Pascal n’aimait pas qu’on lui force la main, il lui a dit, qu’il ne rentrerait pas avec elle, que d’ailleurs, il avait décidé que c’était terminé entre eux, il n’aimait pas qu’on le menace. Qu’il n’y avait absolument plus rien entre lui et moi, mais qu’elle pouvait faire ce qu’elle voulait, téléphoner à sa femme si ça lui chantait, que malgré tout, il n’avait pas l’intention de bouger d’ici. Il restait.

    Pascal lui a demandé de partir et elle a fondu en larmes.

    Ciel, je me sentais mal d’être le témoin de leur dispute, peut-être parce que je savais que j’étais en partie responsable. Mais franchement, je ne pouvais rien dire, rien faire, juste me faire toute petite et rester dans mon coin sans bouger.

    Nina s’était jeté dans ses bras en s’excusant d’être si soupçonneuse, de se montrer si jalouse et insécure, mais il l’a repoussée gentiment. Après m’avoir jeté un regard dans ma direction, Pascal s’est excusé à son tour et lui a dit que ses soupçons étaient justifiés, qu’il y avait bien quelque chose entre nous; on était plus que de simples amis.

    Blessée, médusée, Nina nous a dévisagé, et elle lui a posé des tonnes de questions. Pascal a répondu sans détours. Et elle est enfin partie. J’avoue que je n’éprouvais aucune pitié pour elle, méchante, j’étais contente de la voir souffrir autant que j’avais souffert à Gstaad quant je les avais surpris.

    Oups, Pascal était énervé, il était plus prudent de me taire, m’asseoir et attendre. Après avoir marché de long en large un moment, comme un lion en cage, il est venu s’asseoir en face de moi pour me fixer. Glups! J'ai fixé mes pieds. Je n’arrivais pas à soutenir son regard, et je ne savais pas quoi dire. Tout ce à quoi je pensais était, que je l’avais enfin à moi toute seule. J’attendais aussi qu’il fasse le 1er geste, je n’osais pas bouger.

    Pascal m’a tirée vers lui, enfin, je n’attendais que ça. Je me suis serrée contre lui de toutes mes forces.


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