• Dimanche, 24 Mars 2019 - Ne m'attends pas ?

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    Dimanche, 24 Mars 2019 - Ne m'attends pas ?

    On a passé presque toute la journée entre les draps et en robes de chambre. J'ai décliné sa demande de prendre un bain avec lui. Ça va pas! Miss Banale et Adonis dans la même baignoire! Bon, je sais, il aime les petites rondes comme moi, mais moi je ne m'aime pas trop ces temps. J'avais perdu mes rondeurs, je travaillais pourtant à les regagner. Surtout, j'avais fini par attaquer mes jambes au rasoir, alors ma peau était légèrement irritée.


    J'ai mal au cœur. Je l'aime tellement. Tout ce que je veux, c'est lui.

    Mon état empirait tellement que je ne pouvais pas me contrôler. Je le couvais des yeux. Buvais ses paroles. Je me sentais fondre quant il souriait.

    J'essayais de tout enregistrer quelque part dans mon cœur et dans ma tête. Lamentable. Je restais collée à lui comme une maladie. Je me lovais dans ses bras.

    Ça faisait tellement longtemps que je ne l'avais pas vu, alors je pense que, je voulais, j'avais besoin de m'en mettre plein les yeux.

    On a essayé d'éviter soigneusement d'aborder les sujets qui fâchent, ou qui amènent à des questions et ensuite aux doutes. Mais soyons sérieux, c'était plutôt difficile.

    On a déjeuner en admirant la vue sur le beau lac Léman, nos deux fauteuils collés l'un à l'autre. Je ne pouvais m'empêcher de le bouffer des yeux dès que j'en avais l'occasion. Et toujours ce petit doute au fond de moi; pourquoi moi? pourquoi est-ce qu'il me fait croire qu'il m'aime? Est-ce possible que quelqu'un m'aime vraiment? Pourtant, ça fait longtemps que je ne me compare plus aux top models! Pourquoi est-il si tendre, si gentil avec moi?

    J'avais une montagne de questions à lui poser... depuis le temps! Mais je n'arrivais à m'en rappeler aucune. Je voulais juste le regarder, juste profiter des quelques heures en sa compagnie.

    Je lui ai fais la remarque qu'il ne m'appelait pratiquement jamais. Ça me faisait un peu de la peine. J'ai pas voulu appuyer sur le champignon et lui dire que ça me faisait grave chier et très très mal, sachant qu'il parlait souvent avec Caroline. Mais Pascal m'a fait remarqué que Caroline l'appelait, contrairement à moi. Je ne l'appelais quasi jamais.

    Hum, je lui ai rappelé que je l'avais appelé mercredi en début de soirée, il avait dit qu'il me rappelait le lendemain et niet. On s'est expliqué. En fait, il n'avait pas eu le temps de me rappeler avant son départ pour l'Angleterre. Jess n'avait pas voulu qu'il prenne son téléphone, alors il a dû utiliser les téléphones à sa disposition.

    Pascal m'avait même appelée depuis sa chambre, sachant pourtant qu'il se pourrait bien que sa femme vérifie la liste de ses appels. Il m'avait aussi appelée pendant la pause de sa réunion. Bref, il avait essayé non-stop pour que je le rejoigne à Londres.

    Puis, il m'a montré le billet qu'il avait pris à mon nom. Billet qui n'aura servit à rien. Je n'en revenais pas. J'avais beau avoir le billet dans les mains, je n'y croyais pas. J'étais atterrée. Ça m'a fait chaud au cœur tout de même, je l'avoue. Ou plutôt, mon cœur s'est gonflé d'amour, l'envie de pleurer, et la chair de poule en même temps.

    Et moi qui me suis fait des films total destruction! J'avais pleuré, pesté, l'avait même détesté...


    Pascal a vu les larmes menacer de couler le long de mes joues, alors il m'a prise dans ses bras en me disant de ne pas être triste, on avait quand même réussi à se trouver.

    Pascal m'a parlé de sa vie là-bas. Il avait retrouvé des tas d'amis perdus de vues depuis qu'il s'était installé en Suisse. Qu'il était content de les revoir. Pourtant, la Suisse lui manquait pas mal. Évidemment, il m'a parlé de Jess. Ça n'allait pas si mal. Elle, en tous cas, était heureuse là-bas, et n'avait pas envie de revenir habiter en Suisse.

    Pascal ne devait rester que 3 mois aux States, donc, fin mars, j'espérais le voir rentrer... J'avais compter les jours, mais Pascal ne disait rien qui allait dans ce sens, ça m'inquiétait.

    D'ailleurs, il a sous-entendu qu'il ne savait pas s'il reviendrait en Suisse ou pas. Pendant qu'il me racontait sa vie New-yorkaise, parfois l'ombre de l'angoisse voilait mon regard et me tordait l'estomac. Je sentais bien qu'il était heureux là-bas. Alors pourquoi reviendrait-il ici?

    Il a parlé de quelque chose que je savais mais que j'avais oublié; là-bas, les femmes font le premier pas sans complexe. Quant un homme leur plaît, elle lui fait porter un verre ou l'aborde sans autre. Les femmes anglophones sont plus directs, plus... C'est pareil en Angleterre.

    J'aurai voulu lui demander si les femmes à son travail étaient toutes mariées avec enfants, et toutes moches. J'espérais qu'elles soient toutes laides. Inintéressantes. J'espérais qu'elles soient de vrais pétasses pour qu'il ne m'oublie pas. J'avais peur que son cœur s'envole ailleurs et que peu à peu, il finisse par m'oublier. Oublier même à quoi je ressemble.

    Je ne sais pas s'il s'en rendait compte, ou si comme moi, il voyait approcher à grands pas le moment où on devra se séparer...

    Il devait être... environs 16-17h... On avait fait l'amour et on traînait au lit, à se demander si on mangeait dans la chambre ou sortait. Il devait partir d'ici vers les 20h. Donc, il ne restait plus beaucoup de temps. Pascal avait la tête dans mon cou et me serrait fort. Ses lèvres glissaient de petits bisous le long de ma nuque. On est resté comme ça au moins 20 minutes.

    Puis, il s'est extirpé de mes bras pour s'asseoir au bord du lit. Je crois que j'ai senti comme un courant froid. Mais évidemment, j'ai pensé que c'était ma peur de le voir partir. Pascal a décidé qu'on irait manger au bord du lac et qu'il partirait du restaurant directement pour l'aéroport.

    Sans même se retourner pour me regarder en face, Pascal a lâché une bombe; il me demandait de vivre ma vie, qu'il n'avait pas le droit de me demander de l'attendre. Que je ne devais pas l'attendre. Je devais vivre comme je l'entendais.

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    J'ai été tétanisée. Comme si de rien, Pascal a été prendre une douche avant de se changer. On a pas échangé un mot quant je l'ai remplacé sous la douche. J'aurai bien voulu dire que je réfléchissais à ce qu'il m'avait balancé dans la gueule. Mais non. Il ne se passait rien dans ma tête. J'étais, je crois, en état de choc. Je crois que mon cerveau était en mode pause ou avait cessé de fonctionner.

    Tout ce que je faisais, c'était par automatisme. J'étais choquée. Je ne comprenais rien. De toute façon, je ne voulais pas faire de scène, ni poser de questions. Depuis la salle de bains, je l'ai entendu faire les arrangements avec son chauffeur.

    C'était le plus triste repas de ma vie je crois. Je n'avais même pas faim. On se regardait, se souriait, mais n'avions rien à dire. J'avais le cœur lourd. Je voyais les minutes passer à la vitesse grand V. J'étais au bord des larmes. Malgré ce qu'il avait dit un peu plus tôt, je ne voulais pas le voir partir. J'étais mortifiée d'être celle qui devait le voir s'éloigner.

    Il me fallait toute l'énergie du monde pour ne pas pleurer. Pour ne pas me jeter à ses pieds et le supplier de rester. De toute façon, il ne pouvait pas, il avait une réunion de boulot demain matin à 9h. Après ses 2 réunions du matin, il s'envolait pour New-York.

    Donc, inutile de faire des choses qui ne servaient strictement à rien! Inutile d'agir de manière ridicule et demander quelque chose que je n'avais aucune chance d'obtenir!

    Pascal n'avait pas manger non plus. Il avait seulement pousser la nourriture d'un coin à l'autre de son assiette. J'avais l'impression qu'il faisait des efforts pour sourire. Ou peut-être que je me la raconte encore. Il a attrapé mes mains au milieu de la table. Là, j'ai cru que c'était foutu et que j'allais me mettre à pleurer. Mais j'ai tenu le coup.

    Avec un sourire triste, il m'a dit qu'il allait devoir partir. En me faisant un bisous dans la paume, il a dit que j'allais atrocement lui manquer. Mais, je crois que je savais que c'était du pipo. Ce devait être un gros mensonge, mais c'était bizarrement agréable à entendre.

    Du coin de l’œil, j'ai vu la voiture se parquer devant l'entrée du Restaurant. Pascal a fait un signe de tête au chauffeur. Mon coeur battait à toute allure. La boule à l'estomac, je continuais à le fixer. Il allait disparaître de ma vue, je me sentais mal. J'aurai tant voulu qu'il reste que j'étais à deux doigts de faire un pacte avec le Diable. Ou avec Dieu. C'était à celui qui m'accordait mon vœux.

    Pascal s'est levé et le charme a été rompu. Mon cœur a failli cesser de battre.

    Cette fois, il n'y avait rien à faire. C'était foutu. Je crois bien avoir ironiquement fait la remarque à moi-même que, comme ni l'un ni l'autre n'existait, aucun ne pouvait m'accorder mon vœux. Forcément.


    Je me suis forcée à sourire, comme si on allait se revoir le lendemain. Je l'ai accompagné dehors, on s'est embrassé encore une dernière fois et il a grimpé à l'arrière de la voiture. Le chauffeur a démarré aussitôt. J'imagine que c'était Pascal qui le lui a demandé.

    Je suis restée je crois une bonne minute sur place, ne sachant quoi faire de moi. De toute façon, je n'aurais pas pu faire un pas, j'étais aveuglée par les larmes et mes jambes était scellés dans le béton du trottoir.

    Maintenant, je pouvais me laisser aller, plus besoin de faire la brave; Pascal était parti. Il était loin. Dans 2h, il serait dans l'avion pour Londres. Je ne le reverrais plus. Afff, la douleur me brisait, commençait à s'étaler dans tout mon être. J'avais de la peine à respirer.

    Comment pouvait-on avoir si mal pour quelque chose qui ne se voyait même pas!

    Il n'avait pas dû m'aimer pour me faire un coup pareil. Je me suis sentie un peu mieux en me disant que, je ne pouvais pas non plus rester là à l'attendre. Il ne reviendrait pas. C'était pour le mieux. Mais, ce n'était qu'un millième de seconde, les larmes coulaient toujours et j'avais mal.

    Pascal me manquait déjà. Comment vivre sans avoir l'espoir de le revoir. Jamais? Ce mot ne pouvait pas exister. Je ne pouvais pas exister sans lui. Je ne voulais pas vivre sans lui, ou sans l'espoir de l'apercevoir. Je me suis sentie malade.

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