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Mer - 22 Juin 2022 - Là, sans être là...

Je l'ai enfin vu. Pascal a finalement pris la peine d'appeler. Il avait proposé un resto, mais on a marché un moment au bord du lac. Je voyais bien qu'il essayait de me parler de quelque chose. J'avais peur de savoir quoi, alors je n'ai rien demandé. Il n'avait qu'à se débrouiller. Il m'a demandé si j'avais faim..

Je n'avais pas faim, j'étais trop tendue. Et trop occupée à essayer de deviner quel comportement adopter pour qu'il se rappelle qu'il m'aimait. Je restais calme, froide. Non, pas vraiment froide. Je ne souriais pas, mais je ne faisais pas la gueule non plus. J'évitais de le regarder, de lui demander où il était hier...

Je regardais calmement le lac, fermais les yeux par moments et laissais le vent caresser mon visage.

Pascal n'a pas cherché à me prendre la main, ni passer son bras autour de moi pour me caler contre lui. Rien. Pas de gestes tendres. C'était pas bon ça. Mais, je voulais avoir l'air de ne pas le remarquer. Je ne voulais pas qu'il pense que je faisais la gueule, mais je ne ferais pas le 1er pas non plus.

Je ne cherchais pas non plus à engager la conversation. Je le laissais diriger le bateau. Me concentrais à encaisser un sale coup, sans réagir mal, mais en grande dame. Finalement, Pascal s'est mis à parler. Je ne l'ai pas regarder, j'avais peur qu'il remarque ma peur. Qu'il sente que je n'étais pas très sure de moi.

Il m'a raconté qu'il était un peu perdu. Se demandait s'il ne devrait pas rester pour ses enfants. Je savais ce que ça voulait dire; rentrer avec sa femme, et former une jolie petite famille. Que dire à ça? Rien, alors je l'ai fermé. J'ai jeté un œil dans sa direction. Il avait l'air de parler tout haut de ce qui se passait dans sa tête, sans plus.

Pascal disait que c'était ce qu'on attendait de lui. Tout le monde pense que quant on a des enfants, on doit se dévouer corps et âme pour eux. Et il se demandait si c'était ce qu'il devait faire; entrer dans le moule, ou, vivre sa vie comme il l'entend. Je lui ai demandé s'il arriverait à vivre le reste de sa vie comme ça? Et s'oublier pour les autres?

Il avait l'air d'avoir oublié que j'étais là. Et il m'a regardée longuement. Pour finir, j'ai détourné les yeux. Il ne faisait aucun geste vers moi, et ça me perturbait. Je me demandais si je n'avais pas eu tord d'intervenir. Je n'aurai rien dû dire. Je me suis sentie mal. J'aurai dû fermer ma grand gueule. J'avais le coeur lourd.

D'après ce que j'avais constaté, Pascal était tendre avec Jess. Et dire qu'il disait que les enfants, c'était la mort du couple! Une fois les enfants couchés, et malgré la présence de Paul et tout une ribambelle de gens chez eux, Jess vient se lover dans ses bras. Pas une fois, il ne l'a repoussée.

Dimanche, quant j'ai fait un saut chez eux, Natacha était là-bas. Bizarre mais, elle ne semble pas le harceler depuis qu'il est rentré. Donc, pour moi, elle avait dû le voir, ou avoir de ses nouvelles. Si c'était le cas, je le déteste. Aïe, je me suis rendue compte que j'étais négative. Je devais arrêter ça, et juste attendre.

Mes idées noires risquaient de me faire fondre en larmes devant lui. Quelle horreur. Mauviette. Ça me rendrait vulnérable et minable.

Même s'il m'a fait un bisou sur les lèvres en partant, je me sentais vide. Il n'avait pas été tendre. Il l'était bien plus avec Jess. Peut-être que je n'aurai pas dû venir ce soir. Maintenant, j'étais paumée. J'étais seule dans ma voiture, je pouvais me laisser aller. Je me sentais désespérée, seule.

Pascal était de retour, il était là, sans être là. Il n'avait même pas tenté de rapprochement, même pas prise dans ses bras.

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