_________________________________________________________________________________________________________

Dim - 29 oct 2023 - Mascarade

En rentrant de chez Caroline, après avoir passé un moment à regarder un film, j'ai trouvé la maison vide. C'était peut-être un peu tôt, et j'étais persuadée qu'aux environs de 23h, Pascal serait rentré. Que né-ni. Et même, c'était une chance. Je ne devais pas être là à l'attendre comme une cruche.

Alors je me suis dépêchée de me changer, et me préparer pour sortir. S'il arrivait entre temps, ben, j'étais sur le point de sortir. Sinon, je m'arrangerai pour revenir après lui, et voir si ça l'embêterai que je sois sortie. De plus, sans lui. Ça m'agace que Pascal ne soit pas déjà de retour...

Je me suis gelée le cul un moment dans ma voiture, pas très loin de là, à l'attendre. Il est arrivé 20mn après mon départ. Donc, vers minuit. Bon point pour lui, et moi, parce que j'avais vu juste. 20-30mn après, je suis arrivée par la porte principale, alors que lui, côté jardin. J'ai fait comme s'il n'était pas là.

Pascal était debout sur la terrasse à regarder le lac, les mains dans les poches. Je me demande à quoi il pensait. Je me suis précipitée en direction de la chambre, me changer et remettre mon training. Comme si j'étais restée là toute la soirée. J'ai senti qu'il était toujours sur la terrasse.

Je me suis allongée dans le canapé et allumé la télé. Il a laissé passé une bonne dizaine de minutes avant d'entrer. J'ai fait semblant de sursauter. Mais grand sourire, comme si je pensais qu'il venait d'arriver. Sans oublier de mentionner que je n'avais pas entendu sa voiture. Il a simplement souri.

L'expression de son visage m'indiquait qu'il se posait pleins de questions, et qu'il ne savait pas non plus comment réagir. Après avoir été se changer, il est venu se planter dans le fauteuil d'à côté et me scrutait du regard. Il cherchait sur mon visage les signes de ma duplicité, de mon mensonge. Il n'y en avait pas.

D'habitude, il serait venu se coller dans le canapé, m'aurait prise dans ses bras. Mais pas là. Pascal ne s'attendait pas à ce que je sois sortie. Après une longue hésitation, alors que je restais plantée dans le show que je regardais, en riant à gorge déployée, Il a enfin posé une question; "Ça va toi?".

J'ai tourné mes grands yeux de biches vers lui. Tout allait bien. Pascal a demandé si je ne m'étais pas ennuyée, si je n'étais pas contrariée qu'il soit sorti sans moi. Je l'ai rassuré; "Bien sûr que non... Après tout, c'était pour le boulot, ou sa famille, non?". Au lieu de répondre, il a reparlé du week-end passé.

Comme j'avais été contrariée la semaine passée, il a pensé que je risquais de l'être encore, à cause de ce soir. Pascal m'a appris qu'il était sorti ce soir pour faire plaisir à Milan. Il pense qu'il aimerait bien être en couple. Qu'il cherche l'âme sœur, alors il le soutient en l'accompagnant dans sa tournée.

C'est comme ça que j'ai su que vendredi passé, c'était la même excuse. Mais avec une petite différence; ils étaient sorti de leurs côté. Pascal ne pensait pas faire tard, et espérait qu'en rentrant, il me trouverait là, et qu'on passerait une petite soirée tranquille les 2. Seulement, ça ne c'était pas passé comme ça.

Je lui ai dis qu'il aurait dû m'en parler. Parce que, quant je ne l'ai pas vu avec le groupe, et que je me suis rendue compte qu'il ne m'avait rien dit, je m'étais sentie minable. J'avais refusé d'aller prendre un pot avec des collègues de boulot, juste pour être avec lui, comme une vraie tarte, et il n'était pas là.

Grâce au ciel, j'ai réussi à rattraper le coup, et j'ai fait ma soirée, ma foi, sans lui. Et c'était chouette. Mais si on continue comme ça, ça risque de mal finir. On commencera à ne pas prendre en compte l'autre, et faire nos soirée chacun de notre côté, et finalement, on ne se verra que de 7 en 14. Est-ce que c'est ce qu'il veut?

Le regard de Pascal était inquisiteur, mais il a reconnu qu'il avait merdé et que j'avais raison. Qu'il aurait dû au moins m'avertir. Il ne l'avait pas fait, au cas où ça ne marcherait pas comme il voulait. C'est-à-dire, une soirée à la maison, rien que nous 2. Il a voulu ménager le chou et la chèvre.

Ça m'a fait un peu mal au coeur pour lui, parce que j'avais le même défaut. Chaque fois que j'ai voulu faire plaisir à tout le monde, il n'y avait que moi qui morflait. Et en plus, les autres se fichent pas mal du mal qu'on se donne pour eux. Malgré tout, je n'avais quand même pas l'intention de lui dire la vérité.

Il aurait fallu qu'on m'arrache toutes les dents pour que je lui avoue avoir poiroté dans ma voiture toute habillée... Juste pour lui faire croire que j'étais sortie. Donc, quant il a demandé ce que j'avais fait, j'ai fait celle qui réfléchissait; "Hummm, ben, j'ai été voir un film chez Caro. On a regardé "Blade"... c'est tout".

A son expression, j'ai su qu'il savait que je mentais. Pascal a eu un petit rire ironique; "Tu mens... comme l'autre fois quant t'as dis que t'allais chez une copine... Tu mens". Il a secoué la tête et s'est levé pour aller se servir un verre. Il est revenu s'asseoir sans me regarder, et sans chercher à en savoir plus.

Il laissait la balle dans mon camp. C'était à moi de parler, mais pas envie. J'en avais assez fait pour qu'il ne me prenne plus pour du acquis.

Quant il a posé son verre, j'ai été me mettre sur ses genoux. J'ai pris son visage entre mes mains, lui ai fait un bisou; "L'essentiel, c'est qu'on est tous les 2 là maintenant". Dans ses yeux, j'ai vu flotter toute une ribambelle de doutes.

Un sourire innocent, j'ai posé ma tête sur son épaule. J'ai trouvé trop cool ma sortie. Trop forte, j'étais une pro. Une petite hésitation, il m'a entouré de ses bras en me serrant fort contre lui. Le restant de la soirée, je l'ai senti triste. Mais oh, il ne pouvais pas être plus triste que moi le week-end passé... Donc.

Dimanche matin, Pascal était debout avant moi. Le bruit de la douche m'a réveillée. J'aurai bien dormi encore un lustre et traîné toute la sainte journée au lit. Ramper jusqu'au canapé et larver devant la télé dans un training pourri, c'est plus possible quant son mec est dans les parages! On perd cette possibilité quant on est en couple.

A moins qu'on prône le mythe de l'honnêteté, et qu'on se mette à négliger son couple. Donc, chez lui, tintin, je ne peux pas. Pendant qu'il était sous les eaux, j'ai fait un petit saut pour me laver les dents et attendre pour prendre aussi ma douche.

En allumant la télé plus tard, je suis restée sous le choc d'apprendre la mort de Matthew Perry, Chandler Bing dans Friends! Je sais bien que tout le monde meurt un jour, mais c'est d'un triste. Comment un type qui sait te faire comprendre tant de choses rien qu'avec les expressions de son visage peut-il disparaître? C'est trop triste.

On a passé une journée calme. Et on a aussi parlé. J'avais raison que Milan était responsable pour le week-end passé. On dirait qu'il cherche à séparer Pascal de son entourage, à commencer par moi, Thomas, Paul et autres. Il s'arrange pour être tout le temps dans les pattes à Pascal, qui ne semble pas comprendre son stratagème.

intérieurement j'ai rigolé, mais au dehors, j'ai fait la surprise, prétendu qu'il avait dû mal comprendre, quant il m'a sorti mon histoire d'aller prendre un verre avec une copine qui allait mal, qui s'appelait Natacha avant de devenir Nadine! On s'est pas étalé dessus, on en avait déjà parlé. Mais il voulait savoir où j'étais hier soir après 22h...

Mouais! Quant il ne m'a pas vue à la maison, il a pensé que j'étais peut-être avec Caro. Ce qui s'est avéré vrai, mais Caro pensait que j'étais déjà à la maison, puisque je suis partie de chez elle vers les 22h. Pascal était rentré vers minuit. Il m'a dit qu'il était sur la terrasse quant je suis rentrée. Qu'est-ce que j'avais fait de 22h à 00h30?

• Caro a dû se tromper. Je suis rentrée directement de chez elle.
• Tu étais en training chez elle.
• Comment tu... Ben, oui, je suis...
• J'étais déjà là, tu te rappelles...

Ouais, juste! Il m'a vu traverser le salon pour aller me changer et me jeter ensuite sur le canapé devant la télé. Pascal m'a rappelée que moi je voulais qu'il me raconte de bons mensonges, parce que je ne voulais pas tout savoir, mais pas lui.

OK, Pascal préférait savoir, c'est tout. Il laissait tomber pour cette fois, mais il voulait que je m'en rappelle; il voulait la simple vérité.

J'ai compris que la perspective d'apprendre quelque chose de dérangeant l'effrayait plus. Je sais qu'il ne voulait pas en parler ce soir, même si ça le bouffait de l'intérieur. Et moi, je n'avais pas du tout envie de passer pour une pauvre tâche qui se les gèle dans sa voiture pour qu'il fasse plus attention à elle.

_________________________________________________________________________________________________________